Ce repas d’octobre est pour l’association Marc Aurèle l’occasion de mettre à l’honneur la police avec deux invités retraité de la police: Michel Jacquet venu nous présenter son dernier livre et Claude Dupont défenseur des conditions d’exécutions de la police, nous parler de la reforme de la PJ.
A noter la présence de Mr Yves Fulconis qui viendra dire quelques mots sur l’organisation d’une journée sur la gestion du stress .
Warren Versio membre de l’association nous a présenté le projet du nouveau site web de MA et d’autres projets liés à notre association.

Première partie du repas

Michel Jacquet ex commandant de police, retraité de la police mais toujours impliqué dans auprès de ses ancien collègue est venu nous présenter son livre ” Bonne nouvelle un flic est mort” Editions MaÏa.

“C’est l’histoire frictionnel d’un commissariat ordinaire de France. Avec des personnages. Des figures emblématiques. Des policiers motivés qui ont le moral, qui volent chaque jour au secours de leur prochain, qui croient à ce qu’ils font et défendent les valeurs et vertus de notre société. Jusqu’au jour où ils perdent ce moral…

C’est l’histoire en forme de roman que nous conte, sur près de 200 pages, Michel Jacquet, ancien policier de terrain, ex-flic des quartiers nord de Marseille. Michel Jacquet a une qualité majeure: il ne triche pas, il ne travestit pas la réalité et derrière sa fiction, singulièrement, c’est le vrai pouls de la police que l’on entend battre. Avec ses assassinats, y compris de policiers, ses meurtres au quotidien, ses règlements de comptes à gérer. Tant la “grande faucheuse” est une compagne assidue de l’uniforme qu’il a longtemps porté.” les nouvelles publications

Le titre provocateur fait référence à la remarque déplacée et choquante d’un animateur de Skyrock, qui en 1995 prononça à la suite du décès d’un policier à Nice, lors d’une fusillade: « Il y a un flic qui est mort ce matin et ça, c’est une bonne nouvelle ! » L’animateur fut alors condamné pour apologie du meurtre.

Son dernier roman est surtout un appel à réveiller les consciences autour du suicide dans la police. Ses ouvrages, qui abordent des thèmes liés à la sécurité, à la justice et aux défis du métier de policier, sont largement appréciés pour leur authenticité et leur profondeur.

Deuxième partie du repas

Mr Claude Dupont ex commissaire divisionnaire est venu nous expliquer en quoi va consister la reforme de la PJ. L’impacte que cela va avoir .

La réforme de la police nationale (mise en place en 2020 dans certains départements métropolitains et dans l’outre-mer et généralisé à toute la France en 2023) c’est quoi ?

Cette reforme représente un tournant significatif dans l’organisation et le fonctionnement de cette institution clé. Cette réforme a été mise en place dans le but de moderniser les méthodes d’investigation, d’améliorer l’efficacité des enquêtes et de renforcer la coopération entre les différentes forces de sécurité. Voici les principaux points de cette réforme :

1. Réorganisation des Structures

La réforme prévoit une réorganisation des services de la police judiciaire pour créer une structure plus cohérente et intégrée. Cela inclut :

• Regroupement des unités : Les services d’investigation sont regroupés pour optimiser les ressources et améliorer la coordination entre les différentes équipes.
• Décentralisation : Une plus grande autonomie est accordée aux services régionaux, permettant une meilleure adaptation aux spécificités locales et une réponse plus rapide aux besoins du terrain.

2. Renforcement des Capacités Techniques

L’un des objectifs de la réforme est de moderniser les outils et les techniques utilisés par la police judiciaire :

• Investissement technologique : Des investissements significatifs sont réalisés dans les technologies de pointe, comme les outils de cyber-investigation, la surveillance électronique et les bases de données analytiques.
• Formation continue : Les enquêteurs bénéficient de programmes de formation continue pour se familiariser avec les nouvelles technologies et les méthodes d’investigation modernes.

3. Amélioration de la Coordination Interservices

Pour une lutte plus efficace contre la criminalité, la réforme met l’accent sur la coopération interservices :

• Partage d’informations : Des plateformes sécurisées sont mises en place pour faciliter le partage d’informations entre les différents services de police, la gendarmerie, et les autorités judiciaires.
• Unités spécialisées : La création d’unités spécialisées dans des domaines spécifiques (cybercriminalité, crime organisé, terrorisme) permet de concentrer l’expertise et d’améliorer la réactivité face aux menaces.

4. Focus sur les Enquêtes de Grande Envergure

La réforme accorde une attention particulière aux enquêtes complexes et de grande envergure :

• Task forces : La mise en place de task forces dédiées permet de mobiliser rapidement des ressources importantes pour des enquêtes spécifiques, notamment en matière de crime organisé et de terrorisme.
• Coordination avec les procureurs : Une collaboration plus étroite avec les procureurs est encouragée pour garantir une conduite efficace des enquêtes et une préparation solide des dossiers pour les poursuites judiciaires.

5. Protection des Droits et de l’Éthique

La réforme insiste également sur l’importance du respect des droits et de l’éthique dans les procédures policières :

• Contrôles internes : Des mécanismes de contrôle internes sont renforcés pour prévenir les abus et garantir la transparence des opérations.
• Formation en droits humains : Des modules de formation sur les droits humains et l’éthique professionnelle sont intégrés dans les programmes de formation des policiers.

Conclusion

La réforme de 2023 de la police judiciaire vise à adapter cette institution aux défis contemporains, en modernisant ses outils, en améliorant sa coordination et en renforçant ses capacités d’investigation. En mettant l’accent sur l’innovation technologique, la coopération interservices et le respect des droits, cette réforme cherche à rendre la police judiciaire plus efficace, réactive et en phase avec les exigences de la société moderne.

Une réforme dans la réalité mal accueillit

Cette reforme semble avoir une face caché et d’une manière générale on peut sans risque de se tromper que la qualité moyenne des enquêteurs affectés à la filière « investigation » des nouvelles directions départementales diminuera rapidement et de manière significative.

C’est le choix assumé de priorisé et traiter un type de délinquance afin de pouvoir écluser les 2 700 000 dossiers en souffrance relevant de la petite et moyenne délinquance. Compte tenu de cette masse de procédures non-traitées ou négligées, il faudra faire des choix.

Voici les principales critiques formulées contre cette réforme :

1. Centralisation Excessive

• Risque de bureaucratisation : Certains critiquent la tendance à la centralisation, craignant qu’elle n’entraîne une bureaucratisation excessive qui pourrait ralentir les enquêtes et réduire l’efficacité opérationnelle des unités locales.
• Autonomie réduite des services locaux : La centralisation pourrait diminuer l’autonomie des services régionaux et locaux, qui sont souvent mieux placés pour comprendre et répondre aux spécificités des crimes dans leurs juridictions.

2. Manque de Concertation

• Insuffisante consultation des parties prenantes : Les syndicats de police et les magistrats ont reproché au gouvernement de ne pas avoir suffisamment consulté les professionnels de terrain avant d’implémenter la réforme. Cette absence de dialogue est perçue comme un manque de respect pour l’expertise et l’expérience des praticiens.
• Impact sur le moral des policiers : Le sentiment de ne pas être écouté ou pris en compte peut affecter le moral et la motivation des forces de l’ordre, cruciales pour l’efficacité des opérations.

3. Ressources et Formation

• Insuffisance des ressources allouées : Certains critiques estiment que les ressources financières et humaines allouées pour mettre en œuvre les changements sont insuffisantes. Sans un financement adéquat, les objectifs de modernisation et de renforcement des capacités techniques risquent de ne pas être atteints.
• Besoin accru de formation : La modernisation technologique nécessite une formation continue et intensive. Les critiques soulignent que les programmes de formation actuels pourraient ne pas être suffisants pour permettre aux policiers de s’adapter rapidement aux nouvelles technologies et méthodes.

4. Coordination Interservices

• Complexité des nouvelles structures de coordination : Bien que la réforme vise à améliorer la coopération interservices, certains professionnels craignent que les nouvelles structures de coordination soient complexes et difficiles à mettre en place, ce qui pourrait entraîner des inefficacités et des doublons dans les efforts d’enquête.
• Risques de conflits de compétence : La création de task forces et d’unités spécialisées pourrait engendrer des conflits de compétence entre les différentes entités de la police et avec d’autres forces de sécurité, compliquant davantage la coopération interservices.

5. Respect des Droits et de l’Éthique

• Préoccupations sur les contrôles internes : Bien que la réforme insiste sur le respect des droits et l’éthique, certains critiques doutent de l’efficacité des mécanismes de contrôle interne proposés. Ils craignent que sans un contrôle externe robuste, les risques d’abus persistent.
• Formation insuffisante en éthique : L’intégration de modules de formation sur les droits humains et l’éthique professionnelle est saluée, mais il est également critiqué que ces formations peuvent être insuffisantes en termes de profondeur et de fréquence.

Conclusion

Les critiques soulignent principalement les risques de centralisation excessive, le manque de consultation des professionnels de terrain, l’insuffisance des ressources et de la formation, les défis de la coordination interservices, et les préoccupations concernant le respect des droits et l’éthique. Ces points de critique doivent être pris en compte pour assurer que la réforme atteigne ses objectifs sans compromettre l’efficacité et l’intégrité de la police judiciaire.



Cette rencontre fut l’occasion de débattre sur les problématiques rencontrées par notre police, faire découvrir, comprendre ces aspects de la police que certains profanes ne connaissent pas . Un beau repas de débats et de rencontre